À PROPOS DE LA PRIÈRE

La prière est incontestablement à la base de toute vie spirituelle car elle est le seul moyen de communiquer avec le Père Céleste. Par elle, Il nous rend participants de sa nature divine en nous communiquant sa volonté et, au travers de notre obéissance à ses voies, il nous fait témoins de sa gloire, lumière du monde et sel de la terre.

 Mais…. car il y a un mais, tout dépend du sens que nous donnons à la prière !!!

  La prière s’inscrit dans la notion de  « piété », lequel mot est la traduction du grec «  eusébia » lui-même formé du préfixe «eu » qui a pour sens : bon, bien ;  et du radical « sebomai » qui a pour sens « honorer ». La piété est donc la bonne manière d’honorer Dieu.

La question est : Qui va me faire savoir comment bien honorer Dieu ? La réponse est : Dieu lui-même en Jésus !

 Le mot qu’on a traduit par prière est « proseuche », lui-même formé d’un préfixe : « pros », qui indique une orientation « vers » et du radical « euche » qui a pour sens « souhait ». La prière est donc  « être tourné vers le souhait »

La question est : Dans quel sens vais-je orienter le processus ? Vers la réalisation de mes souhaits ou vers la réalisation des souhaits de Dieu ?

Je laisse à chacun, le soin de trouver sa propre réponse !

La confusion se situe très précisément dans deux approches différentes de l’exercice de la piété, l’une, naturelle, sur la base du faire (c’est celle-ci qui préside à la compréhension humaine) et qui se conclut par cette pratique : faire des prières, ce qui consiste à faire à Dieu des propositions ou des doléances, dire à Dieu ce que l’on souhaite.

 L’autre, spirituelle, vécue et enseignée par Jésus, sur la base de l’être (c’est celle qui est révélée par l’Esprit) et qui se vit dans une attitude intérieure paisible et confiante dans l’écoute de ce que le Père va proposer et initier dans celui qui se laisse conduire dans les sentiers de la justice à cause de son Nom, demander à Dieu ce qu’il souhaite.

 « Au bout d’un certain temps,Caïn apporta des fruits du sol comme offrande à l’Éternel. Abel, lui aussi, apporta des premiers-nés de son petit bétail avec leur graisse. L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn ni sur son offrande. » Genèse 4.3-5

C’est à la lumière d’Hébreux 11.4 que nous comprenons la différence d’approche qui va présider à l’apprentissage de la piété de Caïn et Abel. L’un décidant à  la place de Dieu en tentant de lui imposer sa volonté, l’autre laissant Dieu lui suggérer sa volonté pour entrer en obéissance et être ainsi agréé.

« C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice supérieur à celui de Caïn, par laquelle (la foi) il fut déclaré juste, Dieu lui-même rendant témoignage à ses dons, et par elle (la foi), même mort, il parle encore. »

Ajoutons à cela Romains 10.17 qui situe l’origine de la foi :

« Ainsi la foi procède de l’écoute, l’écoute de la parole du Christ. »

Jésus lui-même établit le fondement qui préside à la piété authentique parce que céleste.

Jésus leur dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » Jean 4.34

Jésus leur répondit donc : « En vérité, en vérité je vous le dis, le Fils ne peut rien faire par  lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils le fait également. » Jean 5.19

« Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. » Jean 6.38

« Car mes paroles ne viennent pas de moi ; mais le Père qui m’a envoyé, m’a commandé lui-même ce que je dois dire et ce dont je dois parler. » Jean 12.49-50

« Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis ne viennent pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi, accomplit ses œuvres. » Jean 14.10

Quand l’homme spirituel prie, il se met à l’écoute de Dieu, parce qu’il fait confiance à son Père Céleste, qui va inspirer à son cœur ce qui est juste et bon. Voici l’enseignement de Jésus à ce sujet :

Matthieu 6.33 

Cherchez premièrement le règne et la justice de Dieu (Romains 14. 17  Car le règne de Dieu, ce n’est pas le manger et le boire, maisla justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit.); et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

34  Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

Le texte d’Esaïe ci-dessous met en évidence ce qui pose un problème à l’homme dans sa relation à Dieu, quand il réfléchit avec sa tête.

Esaïe 55. 7 et 8 : « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel.

9  Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, Et mes pensées au-dessus de vos pensées. »

 Quand il écoute Dieu avec son cœur, il comprend qu’il fonctionne à l’envers et comprend le sens du renoncement à soi enseigné et vécu par Jésus .

Philippiens 2.5 : Que cette manière de penser soit en vous comme elle était en Christ Jésus :

6  lequel, existant en forme de Dieu, n’a pas regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu,

7  mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ;

8  et ayant paru comme un simple homme, il s’est abaissé lui-même, en devenant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix.

Philippiens 4. 6 -7

6  Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute circonstance par le moyen de  la prière et de la demande, étant reconnaissants, faites connaître à Dieu vos questionnements,

7  Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ.

 MATTHIEU 6. 5 ¶  Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense.

6  Mais quand tu pries, entre dans ta chambre (tameion : lieu du trésor et de la gestion, autrement dit : le cœur. Cf.Matthieu 6.19 ¶ «  Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ;20  mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où la teigne et la rouille ne détruisent point, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent.21  Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »), ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.

7  En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens (qui marchent selon la vanité de leurs pensées), qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés.

8  Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.

    Ne soyez pas comme eux ; Car votre Père connaît vos réels besoins, avant que vous les lui demandiez

9  Voici donc comment vous devez prier

    Vous donc priez ainsi:

 Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ;

10  que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite comme au ciel aussi sur la terre.

11  Notre pain de ce jour donne-nous aujourd’hui

12  remets-nous nos dettes, comme nous aussi nous les avons remises à nos débiteurs ;

13  ne nous emporte pas dans l’épreuve, mais délivre-nous du mal. Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen !

 Ce qu’on appelle le « Notre Père », dans la compréhension que l’on en a, ressemble fort à une récitation apprise par cœur  qui aurait la vertu d’influencer Dieu dans ses décisions et ses actions. Cela est le ressenti  des hommes qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Revenons à ce que dit Jésus : Matthieu  6.7 «En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens (qui marchent selon la vanité de leurs pensées), qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. 

La prière n’est pas une expression verbale mais un état intérieur de soumission à la volonté divine exprimée par  Jésus, Parole de Dieu, en ces termes : « Cherchez premièrement le règne et la justice de Dieu. » Matthieu 6.33 

Jésus enseigne ainsi quelles sont les priorités et l’état d’esprit dans lesquels le Père Céleste nous veut :

-         -  Les directives nous viennent d’en haut

-         -  La priorité est mise sur la nécessité de sanctifier le nom de Dieu en se soumettant à la dynamique divine initiée en nous par le Saint Esprit. Le renoncement à soi, c'est-à-dire à sa manière de penser humaine, est la base de la mise à part nécessaire à une intimité avec le Père dans le lieu secret qu’est le cœur.

-          - Cette attitude préside à l’établissement du règne des cieux dans l’individu, qui consiste dans la transformation de gloire en gloire qu’enseigne 2 Corinthiens 3:18 « Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit. »

-          - Qui amène à l’accomplissement de la volonté : Romains 12:2  « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre manière de penser, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. »

-          Comme au ciel aussi sur la terre. Dans la traduction française la phrase : « comme au ciel aussi sur la terre », est directement liée à « que ta volonté soit faite ». Le texte grec est ainsi construit :

hayiasthito to onoma sou,                       que soit sanctifié ton nom,

eltheto i vasilia sou,                           que vienne ton règne,

yenithito to thélima sou,                       que soit faite ta volonté, 

Ces trois éléments sont intimement liés et appelés à être vécus sur la terre comme ils ont été vécus par Jésus dans l’incarnation et ainsi inscrits dans notre héritage céleste. Éphésiens 1.3 : « Béni soit le Dieu et père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a béni de toute bénédiction spirituelle dans les lieux céleste en Christ. » 

os en ourano kai epi tis yis                        comme au ciel, de même sur la terre. 

C’est parce que ces choses sont inscrites au ciel en Christ, que la dynamique de l’Esprit opérant en nous, nous rend capables de les vivre ici-bas sur la terre : « Il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ. » Ephésiens 2:6  

 La vie Éternelle procède de la puissance de la résurrection qui met un terme au pouvoir du mensonge, lequel promettait à l’homme de devenir comme un Dieu en se repaissant de sa vanité.

L’homme est ainsi condamné à faire, faire et encore faire.

La vie Éternelle nous transporte dans l’être :

«  Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. L’ancien est passé ; voici, c’est devenu nouveau. »

     Tone  artone   imone    tone           epioussione               dhos    imin     simerone ;

      le      pain   de nous     la          d’en haut substance       donne  nous    aujourd’hui

Matthieu 4. 4 : Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Jean 4. 34 :Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre.

Jean 6.35 - Jésus leur dit : Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui m’est fidèle n’aura jamais soif.

Jean 6.48 - Je suis le pain de vie.

Il ne s’agit pas du pain de boulanger qui n’est que matériel et dont Jésus nous dit de ne pas nous inquiéter.

Mais de notre nourriture spirituelle qui consiste à faire grandir et s’épanouir cette nouvelle créature. 

kai aphès imine ta ophilimata imone,
os kai imis aphiémène tis ophilétais imone.

-          Remets-nous nos dettes comme nous aussi, nous les avons remises à nos débiteurs.

« Pardonne-nous  nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » n’est pas une traduction du texte mais une interprétation moralisante destinée à culpabiliser les individus.

Par contre, la notion de remise de dette, conforme à la pensée de l’Évangile, est enseignante de la bienveillance et de la grâce que Dieu exerce à l’égard de toute créature, qui après l’avoir vécue peut à son tour l’exercer à l’égard de son prochain dans le cadre de la justice divine.

kai mi issénènguis imas is pirasmone,
alla rhissai imas apo tou ponirou.

Ne nous laisse pas succomber dans l’épreuve

Mais délivre-nous du malin (pervers) 

Nous sommes rendus conscients et, par conséquent vigilants, par rapport à notre faiblesse. Cela nous amène à Lui faire confiance et nous reposer sur Lui.

« Ainsi donc, que celui qui est debout prenne garde de tomber. » 1 Corinthiens 10.12

« Je vous l’ai écrit, jeunes gens : « Vous êtes forts et la parole de Dieu demeure en vous et vous êtes vainqueurs du malin. » 1 Jean 2.14

Nous n’avons donc pas affaire à une récitation mais à la feuille de route dans laquelle Dieu définit à la fois notre identité céleste ainsi que notre raison d’être sur la terre. Cela nous rappelle à cette parole de Dieu à Abraham : « Marche devant ma face et sois intègre. » Genèse 17.1

Jef De Laveralend