Réponse à Pascale :Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi qu’il renonce à lui-même qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Matthieu 16.24 Marc 8.34 Luc 9.23

Bonjour Pascale,

Tu me demandes de développer la notion de renoncer à soi ou de se renoncer. La première chose qui me vient à l'esprit et qui me semble fondamentale c'est que pour comprendre un texte et l'interpréter il est nécessaire de le replacer dans son contexte. C'est celui-ci qui va nous aider à comprendre le sens du texte, en l'occurrence, cette parole de Jésus adressée à ses disciples  fait suite à une situation particulière.

Jésus explique à ses disciples qui lui faut aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour. Pierre, à l'écoute de ses paroles prend Jésus à part pour lui faire des reproches en lui disant : " à Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas !"

L'attitude et les paroles de Pierre sont motivées par la profonde émotion qu’ont suscitée en lui les annonces faites par Jésus. Son affection naturelle pour Jésus l'amène à vouloir être le défenseur de sa cause et s'opposer à ce que quelque chose, selon lui de tragique, ne lui arrive. C'est une réaction bien naturelle de vouloir défendre quelqu'un pour qui on éprouve de l'affection et qui se trouve dans une situation dangereuse. Nous sommes dans une réaction purement humaine qui fait abstraction d’une réalité spirituelle qui obéit à une nécessité de justice céleste.

Jésus, utilise cette réaction charnelle, humaine, terrestre pour apporter un enseignement important pour chacun d'entre nous. Si nous nous reportons quelques lignes plus haut dans le texte, nous sommes confrontés à une autre intervention de Pierre, à la question que Jésus : « Qui dites-vous que je suis ? », Pierre répond : « Tu es le Messie, le fils du Dieu vivant ! » Ce à quoi Jésus répond : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et de sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ! »

Un même homme, une même bouche mais deux paroles qui vont dans deux sens opposés. L'important, ici, est de considérer l'origine des paroles prononcées.

-       La première affirmation de Pierre est attribuée par Jésus à une révélation spécifique qui vient du Père Céleste en précisant bien qu’une telle affirmation ne peut pas avoir une origine humaine symbolisée ici par la chair et le sang.

-       La deuxième affirmation de Pierre procède, elle, précisément de la chair et du sang c'est-à-dire de la dimension émotionnelle qui ne juge pas raisonnables de tels propos.

Les paroles de Jésus peuvent paraître violentes, mais elles résument bien la réalité d'un autre type d'inspiration à laquelle l'homme peut avoir part. La traduction du texte par : « Arrière de moi Satan » ne donne pas le vrai sens qui convient à la situation. Cette traduction peut donner à penser que Jésus s'adressant à Pierre et l'assimilant à Satan le rejette loin de lui. Ce n'est pas le sens de ces paroles.

Jésus se resitue dans le contexte du défi spirituel qu'il vient relever. Le mensonge satanique consiste à proposer à l'homme de s'appuyer sur sa raison plutôt que sur sa relation avec Dieu. L'homme est donc devenu désobéissant au céleste pour obéir au terrestre, ce faisant, Satan devient son inspirateur tout en  laissant l'homme dans l'illusion que c'est lui qui décide. La parole de Jésus est forte, pour dire à l'homme naturel que chaque fois qu'il se laisse conduire par ses propres émotions et par sa propre raison il fait forcément abstraction de la volonté et de la justice céleste. Jésus, proclamé par le même Pierre comme étant messie et fils du Dieu vivant, affirme ici qu'Il est lui seul le chef de file qui garantit à l'homme sa liberté. Cette parole n'a pas d'autres sens que de remettre les choses en ordre, et avec l'autorité qui le caractérise, Jésus s'adressant tout à la fois à celui qui est le père du mensonge et à celui qui est sous son autorité, il dit : « « Passe derrière moi Satan » à l’un et « tu es pour moi un scandale, car tes pensées ne sont pas celle de Dieu, mais celles des hommes », à l'autre.

C'est tout ce contexte qui donne du sens aux paroles de Jésus. Il est venu non pour accomplir sa volonté mais la volonté du Père Céleste. Son enseignement, pour nous qui avons été réconcilié avec notre Père par son sacrifice, consiste à nous faire prendre conscience qu'entre notre approche humaine des choses et la volonté céleste il y a un abîme. La vocation de l'homme réconcilié avec son Dieu consiste donc à renoncer à son système de pensée pour laisser les pensées de Dieu s'inscrire dans son cœur et créer en lui une dynamique d'obéissance qui l'amène à atteindre le but.

C’est tout le sens de la repentance, ne plus penser comme un homme terrestre mais épouser la pensée céleste qui nous est communiquée par la nécessaire inspiration à laquelle nous avons part parce qu’elle est justice de Dieu pour nous.

Se charger de sa croix c’est accepter d’aller dans le sens où notre raison humaine nous dit de ne pas aller, c’est de faire face à  ce qui nous fait peur pour être libéré de la peur, à notre propre mort pour hériter de la vie de résurrection, abandonner ce que nous croyons être notre liberté qui n‘est qu’esclavage. C’est comprendre que je ne suis et que je ne serai jamais juste, mais que l’œuvre de Jésus me permet d’accéder à cette justice, que la prière n’a qu’un seul sens, un seul but c’est de permettre à Dieu de parler à mon cœur pour que comme Jésus , mon précieux Frère et initiateur, je puisse ne dire que ce que j’entends dire au Père et ne faire que ce que je vois faire au Père.

En Jésus nous avons tout ce vécu en abondance uniquement par grâce !!!

Jef De Laveralend